Remaniement en vue au Bénin : Paulin Akponna sur la sellette, José Tonato pressenti pour le remplacer
- Wilfried Judicaël Djehli
- 26 juin
- 2 min de lecture

Le ton a dérapé, les conséquences s’enchaînent. Le ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, Paulin Akponna, pourrait bientôt céder son fauteuil. Selon des informations concordantes, le bureau de l’Assemblée nationale a donné ce jeudi 26 juin un avis favorable à une demande du chef de l’État, Patrice Talon, en vue de son remplacement. Son successeur désigné ? José Didier Tonato, l’actuel ministre du Cadre de vie, qui cumulerait les deux portefeuilles.
Que reproche-t-on à Paulin Akponna ?
Si le gouvernement n’a encore rien communiqué officiellement, les langues se délient, et les réseaux sociaux s’enflamment.Tout serait parti d’un meeting houleux à Parakou, début de semaine. Dans un audio largement relayé, on entend Paulin Akponna, pourtant en fonction, critiquer avec virulence la gestion de son ministère par son prédécesseur, sans toutefois le nommer. Le décor ? Une rencontre publique dans le fief même de Sam Adambi, ancien titulaire du portefeuille de l’eau et de l’énergie.
Dans un discours aux allures de règlement de comptes, Paulin Akponna s’étonne de l’absence d’eau potable dans certaines localités, malgré le fait qu’“un des leurs” ait dirigé ce secteur pendant des années. Il va plus loin, en évoquant un “siphonnage de milliards de francs CFA”, qui aurait eu lieu à l’insu du président Talon lui-même. L'ex-ministre conseiller aux Affaires économiques n’a pas hésité à brandir la menace de poursuites contre ces “délinquants en divagation”, pour des faits qui pourraient relever du détournement de deniers publics.
Un ministre qui en accuse un autre : franchissement de ligne rouge ?
Dans un contexte de discipline gouvernementale et de communication verrouillée, cette sortie médiatique libre et explosive passe mal dans les cercles du pouvoir. Peut-on rester membre d’un gouvernement en critiquant publiquement un autre membre ou ancien membre ? La réponse semble désormais claire. Ce discours est perçu, dans plusieurs milieux, comme une faute politique. Qu’il s’agisse d’un écart isolé ou d’un acte calculé, la réaction du chef de l’État a été rapide.
Un remplacement stratégique ou une mise au pas ?
Le choix de José Tonato, fidèle parmi les fidèles, pour assurer l’intérim (ou la succession) n’est pas anodin. Gestionnaire discret, réputé loyal, il pourrait ramener calme et cohésion dans un ministère hautement stratégique, secoué ces derniers jours par une tempête médiatique et politique.Reste maintenant à savoir si ce changement de casting ministériel s’arrêtera là, ou s’il annonce un réajustement plus profond au sein de l’équipe gouvernementale.
En toile de fond : l’équilibre du pouvoir, la cohésion gouvernementale et la parole publique
Ce fait divers politique met en lumière une tension de fond entre liberté de parole et solidarité gouvernementale. Peut-on dénoncer les failles du passé tout en assumant le présent ? Peut-on faire la lumière sans éteindre sa propre flamme politique ?
Autant de questions qui agitent les cercles du pouvoir, à quelques mois d’échéances importantes pour le pays. Par ailleurs, il faut noter que ce changement ne deviendra effectif qu’après la signature d’un décret présidentiel. Le dernier mot revient donc au président Patrice Talon.
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